Ligament Croisé Antérieur

Qu'est-ce que c'est ?

C'est le ligament tendu entre le tibia en avant et le fémur en arrière.

Il croise le ligament croisé postérieur qui a un trajet et une fonction opposés.

vue LCA 1

 

vue LCA 2 vue LCA 3
A quoi ça sert ?
  • Il stabilise le genou.
  • Il contrôle le déplacement en avant du tibia par rapport au fémur.
  • Il contrôle également la rotation interne du tibia.
  • Il est utile dans les sports de rotation (sports de pivots).
  • Il est moins nécessaire pour des activités dans l'axe.
Comment casse un LCA ?

Au cours d'une entorse grave de genou, dans la pratique du sport, parfois au travail.

Mouvement de torsion du genou, pied bloqué.

Sensation de craquement, de déboitement, de genou qui lâche.

LCA cassé
Exemple des situations d'entorse

Genou qui "lâche" en dedans et rotation externe.

LCA cassé rotation externe 1

 

LCA cassé rotation externe 2

Genou qui "lâche" en dehors et rotation interne.

LCA cassé rotation interne 1

 

LCA cassé rotation interne 2
Exemples de situations d'entorses
  • Hyper extension.
  • Mauvaise réception de saut.
  • Shoot dans le vide.
  • Rotation interne pied bloqué.
Exemple 1 Exemple 2
Que peut-on faire avec une rupture du LCA ?

Après rééducation, on peut en général réaliser toutes les activités dans l'axe comme le vélo, la natation crawl, des activités en salle de musculation, de la course à pied sur terrains peu accidentés.

La plupart des activités professionnelles sont également possibles.

Que ne peut-on pas faire sans LCA ?

Beaucoup de sports de pivots (avec rotation) peuvent nécessiter un ligament croisé antérieur compétent.
Sports de pivot contact (rugby, foot, basket, handball, hockey, sports de combat).

Sport de pivot sans contact (ski, tennis, squash, badminton, volley, moto enduro ou trial, bmx, danse, gymnastique, golf...).

Quels sont les risques ?

Le problème est surtout l'instabilité.
La répétition des instabilités peut se traduire soit par de vraies entorses comme celle du départ, soit par des sensations plus fugaces et moins douloureuses de genou "qui lâche".

Un genou stable, y compris dans certains sports de pivot, va évoluer comme un genou normal.


Un genou instable, dans la vie courante, au travail ou au sport va se dégrader.
A chaque instabilité, le tibia part en avant du fémur ce qui cisaille les ménisques.
En 2 ans on risque de déchirer le ménisque interne, puis c'est le cartilage qui prend les contraintes.
En 10 ans on risque de commencer de l'arthrose.

Qui faut-il opérer ?

Il faut opérer si le genou est instable (dans la vie courante, professionnelle ou sportive).

Certaines professions peuvent être plus à risques (artisans, agriculteurs, militaires...).

Certains sportifs compétiteurs dans des sport de pivot et qui veulent continuer la compétition sont également plus à risque.

Quand faut-il opérer ?

la plupart du temps, il n'y a aucune urgence et il faut d'abord effectuer une rééducation après l'entorse.

soit le genou est stable après la rééducation, sans exigences particulières sportives ou professionnelles : l'opération n'est pas nécessaire.

soit le chirurgie est nécessaire et la rééducation permet de préparer la récupération post-opératoire.


Parfois, la chirurgie est urgente (sous 15 jours).
Certains cas d'atteinte concomitante du plan ligamentaire externe (plus rarement interne) ou arrachements osseux nécessitants une réinsertion urgente.
"urgences professionnelles" pour des sportifs professionnels.
Votre chirurgien vous conseillera.

Comment se passe l'opération ?

Le ligament ne peut pas être suturé.

Il faut le remplacer par un tendon prélevé sur le genou.

Le prélèvement du tendon ne va pas affaiblir le genou, tout sera compensé et cicatrisé en fin de rééducation.

Ce tendon est placé dans le genou à la place du LCA et va se transformer progressivement en ligament croisé.

C'est une greffe, il faut du temps pour qu'elle soit assez solide. (12 mois).



On peut prélever le tiers moyen du tendon rotulien (technique type "KJ").

opération LCA 1

 

opération LCA 2 opération LCA 3



On peut aussi prélever un ou deux tendons ischiojambiers, à la face interne du genou, appelés droit interne (gracilis) et demi tendineux (techniques DIDT ou DT4).

opération LCA 4

 

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La chirurgie se fait sous arthroscopie, sans ouvrir le genou, avec traitement d'éventuelles lésions méniscales ou cartilagineuses.

On prépare des petites logettes sur les sites anatomiques au tibia et au fémur de l'ancien ligament croisé antérieur.

opération LCA 6 opération LCA 6

 

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Le nouveau ligament est ensuite tiré et fixé à l'intérieur de ses logettes au fémur et au tibia, après avoir été mis en tension efficace.

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Exemples du résultat de chirurgie du LCA :

opération LCA 9
Quelles sont les suites opératoires ?

Quelque soit la technique choisie, la qualité du geste chirurgical et le niveau physique du patient, il faut toujours un temps minimum de 6 mois pour que la greffe commence à être solide. (Elle se transforme en vrai ligament après 1 an.)

Le protocole vise à protéger cette greffe pendant cette période.

opération LCA 1

Il faut éviter toute contrainte de rotation en charge sur la jambe opérée les six 1er mois (prendre l'habitude de tourner par petit pas ou sur l'autre jambe, éviter tout pivot dans la vie quotidienne).

Cela ne dépend que du rythme de cicatrisation biologique du ligament et conditionne le résultat (règles et délais retrouvés dans les études des autres pays également).

La chirurgie dure entre 30 et 60 minutes.
Les patients sont hospitalisés 1 ou 2 jours.
De plus en plus cette chirurgie est proposée en ambulatoire, sur la journée.
Béquilles et attelle peuvent être nécessaires sur 7 à 15 jours, parfois plus selon d'autres gestes qui peuvent être associés à la chirurgie du ligament.
Vous serez orientés par votre chirurgien.


Il faut 2 à 3 semaines pour pouvoir conduire sur des petits trajets.
La Rééducation commence dés les 1ers jours.
Les activités professionnelles peu physiques sont reprises entre 3 et 6 semaines, l'arrêt est prolongé à 3 mois pour des activités très physiques et selon l'évolution, parfois plus.


Sur les 6 premières semaines, il n'y a pas d'activités intenses, y compris en rééducation.
C'est une phase de récupération, pas de musculation.
On s'attache surtout à se remettre de la chirurgie, que le genou dégonfle, retrouver les amplitudes, réveiller les muscles... mais sans forcer !


Il faut protéger les cicatrices à la douche les 15 premiers jours et se doucher assis au début pour ne pas glisser.
On peut se baigner au bout de 3 semaines, il faut 6 semaines avant de nager (brasse exclue sur 6 mois).
Le travail de musculation débute surtout après la 6ème semaine.

La rééducation

Le protocole est étalé sur 6 mois avec un référentiel de 40 séances.
Si plus de séances sont nécessaires, il faudra le justifier selon l'évolution.
Le centre de rééducation n'est pas indispensable, il peut se discuter selon certains objectifs, notamment pour la réathlétisation à 5 mois ou chez les professionnels.

Quels sont les risques opératoires ?

Toute chirurgie comporte des risques, vous pourrez en parler avec votre chirurgien.

Des risques au cours du geste opératoire (plaie nerveuse ou vasculaire, lésion osseuse ou tendineuse ou cartilagineuse, risques médicaux de l'anesthésie...).

Des risques post opératoires (Phlébites, hématomes, problèmes de cicatrice, infection, raideur, algodystrophie, risques d'échec...).

Prévention des risques

Les risques liés à la chirurgie et à l'anesthésie seront prévenus par une technique rigoureuse des praticiens.
Leur rôle est également d'accompagner les patients, de les surveiller et de réagir de manière appropriée à la moindre alerte.
Le praticien ne peut pas promettre le risque 0 mais peut s'engager sur le suivi. Il existe toujours des solutions.

Risques d'infection nosocomiale

Infection liée ou faisant suite à l'intervention.
Exceptionnel pour cette chirurgie.
Souvent lié à un état prédisposant (diabète, tabac, alcool, traitement immunosuppresseur, cortisone, obésité, problèmes circulatoires, hématome sur traitement anticoagulant).

Parfois lié à une inflammation post opératoire ou un hématome, une rééducation trop intense, contamination par une plaie à distance.
Réversible avec une reprise en charge précoce.

Gestion des infections nosocomiales

Prévention des facteurs de risques (fatigue, tabac, alcool, hygiène de vie, état cutané et dentaire, examen d'urines...).

Eviter les hématomes importants (kiné trop intense), réagir le cas échéant (ponction, lavage sous arthroscopie).

Surveillance de la cicatrice.

Réaction rapide (lavage précoce et parfois répété sous arthroscopie, traitement antibiotique adapté aux prélèvements).

La reprise du sport ?

A partir de 6 semaines : sports en décharge et dans l'axe : vélo ou équivalent en salle de gym (vélo elliptique, rameur, presse, squats, fentes...), natation crawl ou palmes, pas de brasse.

Reprise de la course à partir de 4.5 mois.

sports de pivots au mieux à 6 mois (entraînement), plutôt 8-9 mois.

compétition à 9 / 12 mois.

les résultats

Entre 90 et 95% de bons et excellents résultats suivant les séries.

Les échecs de greffe restent rares (1 à 2%).

De nouvelles ruptures restent possibles sur de nouveaux traumatismes.

Le nouveau ligament aura à peu prés la résistance d'un ligament normal après 1 an, il ne sera pas plus solide.


Le respect des délais et du protocole restent les meilleurs garants.
L'objectif reste la reprise du sport de pivot, si possible au même niveau.
Intérêt d'une préparation finale rigoureuse et d'un entretien physique régulier par la suite pour éviter une "nouvelle entorse grave".
Eviter une reprise trop précoce du sport à risque.

Faut-il prévoir d'autres interventions ?

Parfois des reprises précoces sont nécessaires pour gérer des complications post-opératoires.

Parfois à distance des retouches sont nécessaires (fibrose qui peut gêner l'extension ou la flexion, retouches sur un ménisque, problème cartilagineux, douleurs de rotule).

Parfois des reprises tardives échec de la greffe, rupture sur nouveau traumatisme, ou à distance pour une arthrose post-traumatique (ostéotomies, prothèses).

Conclusion

C'est une chirurgie fiable, aux indications raisonnées.

Les Professionnels de santé vous accompagnent, vous guident et réagissent de manière appropriée.

Les délais de récupération et de rééducation sont longs, le respect de ces délais et des protocoles est la meilleure garantie du résultat.


La décision chirurgicale s'accompagne forcément de l'engagement du patient dans la rééducation et de son respect des consignes et protocoles.

Le résultat dépend de l'ensemble des actions : chirurgie, rééducation et suivi des consignes, protocoles et délais par le patient.